MATHIEU PUJOL
Photographe d'Animaux & Paysages du Monde
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La savane en flammes

FEU DE BROUSSE

Dans les plaines infinies du Botswana, en plein cœur du Parc National de Chobe, la savane brûle.
La terre des Lions se meurt des incendies à répétition.
Lors de mon dernier voyage j’ai pu assister à des scènes incroyables de végétation en flammes, le feu déployant son cortège de cendres et fumées à des kilomètres à la ronde.
Encerclé par les flammes, il fut parfois difficile de parcourir la piste à travers la végétation. Dans le bush, des murs orange vif poussés par le vent chaud progressaient à vive allure en brulant tout sur leur passage.
Après un bref moment d’hésitation et une marche arrière salutaire pour nous éloigner du brasier, nous décidions quand même de traverser les flammes afin de nous mettre à l’abri.
En fin de journée, alors que la nuit tombait sur l’Afrique, l’horizon se détachait de toute obscurité, illuminé par les feux dignes d’un spectacle pyrotechnique. Tout au bout, les portes rouges de l’enfer pour les petites bêtes, reptiles et micro-mammifères incapables de s’échapper.
Le lendemain, la terre recouverte d’un manteau noir n’offrait rien du spectacle auquel nous nous préparions en imaginant le safari.
Les oiseaux profitaient de la situation en se délectant des nombreux insectes brûlés, les herbivores avaient quitté les lieux et les Lions devaient se satisfaire des quelques irréductibles décidés à rester.
Mais alors que nous continuions notre périple à travers la brousse. Une question me venait en tête. Comment et pourquoi ces feux si important se déclenchent ?
En interrogeant mon guide une première explication parvient à mes oreilles. D’après lui, ces feux sont nécessaires pour régénérer la savane quelques semaines avant la saison des pluies. L’herbe brûlée sera vite remplacée par une herbe fraîche et tendre, appréciée des herbivores, des les premières précipitations. Le feu aurait semble-t-il le pouvoir de tuer les tiques et réduire la propagation des maladies. C’est également très salutaire pour le tourisme, en fixant les herbivores, les carnivores sont bien nourris et le spectacle continue. Par ailleurs, la savane rasée facilite les observations. Les feux seraient donc déclenchés volontairement ?
La deuxième explication qui me sera fournie est d’ordre accidentel. Les bouteilles vides que les gens balancent allègrement dans la nature, les feux de camp non maîtrisés par les touristes voyageant en autonomie avec leur voiture de location, le tout accentué par l’extrême sécheresse, pourraient être à l’origine de ces catastrophe.
Dans les deux cas, la situation n’est pas sans conséquence. En effet si l’on suit le premier raisonnement, cela voudrait dire que les décisions prisent pour déclencher ces feux ne le sont que dans le but d’améliorer le tourisme et l’observation de la grande faune, au détriment de la micro-faune et des petits mammifères qui ne pourront plus assurer leur rôle et apporter leur part dans l’équilibre de l’écosystème. Chaque espèce à son rôle et chaque individu occupe une place nécessaire au maintien de l’équilibre. Hors de contrôle, ils mettent également en danger la vie des touristes qui manquent d’expérience et peuvent se faire prendre par les flammes.
Dans le second cas, ces feux à répétition apportent la triste preuve que le réchauffement climatique est bien là et que, s’il est encore nécessaire de convaincre les sceptiques, il prend des proportions particulièrement inquiétante. Les longues périodes de sécheresse couplées aux chaleurs intenses accentuent les risques et lorsque le feu démarre il devient très vite incontrôlable. La savane brûle, le vent accélère sa progression et ce sont des milliers d’hectares qui partent en fumée
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